Le test d’infiltrométrie, ou test d’étanchéité à l’air a pour objectif d’identifier les fuites d’air d’un bâtiment. La localisation et la quantification de cette perméabilité permet ensuite d’émettre des solutions pour améliorer l’isolation.
Ces fuites sont responsables d’une surconsommation d’énergie pour les appareils de chauffage et de ventilation. De l’air extérieur va s’infiltrer par ces « inétanchéités » vers l’intérieur, engendrant des sources d’inconfort thermique et acoustique, mais aussi une défaillance de la ventilation synonyme d’une mauvaise qualité de l’air, qui entraîne une dégradation progressive du bâti causée par les problèmes d’humidité.
Tout bien immobilier peut être concerné par cette démarche : maisons, appartements, bureaux et autres locaux professionnels nécessitant une réelle isolation. Son prix varie en fonction de la surface du logement ou du local à tester mais pour une maison on peut l’évaluer entre 400 et 1800 euros. Comment souvent, il est recommandé de demander plusieurs devis à différents opérateur afin de comparer et faire jouer la concurrence.
Nous répondrons ici aux questions suivantes:
Qu’est-ce que l’étanchéité à l’air ?
Un logement peut être doté d’isolants thermiques très efficaces sur une épaisseur suffisante tout en pâtissant de fuites d’air provenant d’interstices invisibles à l’œil nu. Dans ce cas, sa performance énergétique sera nettement amoindrie.
Par exemple, une étanchéité à l’air défaillante dans une maison construite avant la réglementation thermique actuelle sera source de déperdition de chaleur et d’une consommation pouvant augmenter de 30%.
Voici les sources de fuites d’air les plus courantes :
- Frein vapeur mal raccordé
- Liaisons entre châssis
- Fuites sous tablette de fenêtre
- Tableau électrique
- Porte sans joint qui mène à la cave
- Maçonnerie non enduite
- Mécanique de menuiserie
- Trappe de visite ou d’accès
- Caissons de volet roulant
- Parcloses des vitrages
- Rails des fenêtres coulissantes
- Lisse basse dans les ossatures bois
- Les traversées de solives
- Trappes d’entretien des cheminées
L’importance de l’étanchéité à l’air d’un bâtiment
La France commence tout juste à attacher de l’importance à ce problème qui constitue une réelle progression en matière d’économie d’énergie.
Une recherche d’efficacité et de sobriété ne peut faire l’économie d’une prise en compte de la perméabilité à l’air. Rappelons que bien que l’emploi d’isolant de qualité soit primordial, l’étanchéité à l’air est aussi un paramètre déterminant de l’isolation thermique, cette dernière ne pouvant se faire correctement que dans une enveloppe exemptée de fuites parasites.
Pourquoi doit-on réaliser un test d’infiltrométrie ?
Il y a de nombreuses raisons pour effectuer ce test : s’adapter à la réglementation en vigueur lors de la construction d’un logement neuf, obtenir un label relatif à la sobriété énergétique (BBC Effinergie…), ou tout simplement améliorer son confort de vie et baisser sa consommation dans le cadre d’une rénovation.
La règlementation
Le test d’étanchéité à l’air est obligatoire pour les logements neuf depuis 2013 dans le cadre de la règlementation thermique RT2012. Il est également demandé par la RE2020, traitant des questions environnementales.
Il doit être réalisé par un professionnel habilité disposant de la certification Qualibat 8711 qui aura donc suivi la formation de « mesureur de l’étanchéité à l’air des bâtiments ».
En 2015, la norme NF EN ISO 9972 a remplacé la norme NF EN 13829 comme référentiel pour la « Détermination de la perméabilité à l’air des bâtiments ». C’est ce guide des bons usages que doit suivre l’opérateur de mesure.
L’obtention du label BBC (bâtiment basse consommation) Effinergie est conditionné à la réalisation de ce test d’imperméabilité. C’est également le cas pour les labellisations BEPOS (bâtiment à énergie positive), HPE (Haute Performance Énergétique) et Maison Passive.
Les multiples améliorations de votre habitat
En dehors du cadre légal de la RT2012, la recherche de fuites d’air réalisée par un professionnel certifié, agissant également en tant que conseil auprès de votre constructeur durant la phase de chantier, permet une fois la certification obtenue :
- Pour l’occupant :
- Économie : une économie sur la facture énergétique de l’ordre de 10 % à 25 %
- Confort :
- Pas de courant d’air désagréable
- Diminution des gênes acoustiques et olfactives avec l’extérieur
- Température mieux régulée en été en cas de fortes chaleurs
- Santé : un meilleur fonctionnement de la ventilation limite les problèmes de santé notamment les allergies et l’asthme liés à l’infiltration de polluants (pollen, fibres, poussières) ou la présence de moisissure dans le bâtiment.
- Pour le bâtiment :
- Augmenter la pérennité des structures en limitant les risques de condensation dans les parois.
- Maintenir la performance des isolants thermiques tout au long de la vie du bâtiment.
Les études montrent que l’étanchéité à l’air des constructions est souvent le point faible du bâtiment, en partie car sa mise en oeuvre parfaite demande un niveau de collaboration entre les acteurs de la construction qui n’est pas atteint la plupart du temps.
En rénovation, un bilan énergétique de qualité doit donc prendre en considération ce test d’infiltrométrie. Sans la maîtrise des infiltrations d’air, quelles soient contrôlées (ventilation) ou parasites (fuites), nous ne pourrons jamais faire des bâtiments à basse consommation d’énergie. Une bonne étanchéité est nécessaire pour assurer un renouvellement d’air neuf de qualité, exempté de fuites parasites. Tous ces paramètres sont pris en compte dans le cadre de l’audit énergétique approfondi.
Objectif : la maîtrise de l’étanchéité
L’objectif de la mesure est de visualiser les fuites d’air et de quantifier la perméabilité à l’air de l’enveloppe du bâtiment.
Maîtriser l’étanchéité à l’air c’est :
- Réduire la consommation et faire jusqu’à 30% d’économies d’énergie
- Assurer un confort thermique et acoustique
- Protéger durablement le bâti et son isolation
- Contrôler la distribution et la qualité de l’air intérieur des bâtiments
- Avant travaux localiser les défauts d’étanchéité à l’air et axer les priorités en matière de rénovation.
Quand doit-on réaliser le test d'infiltrométrie?
Pendant les travaux
Un bien immobilier en cours de construction peut être testé une fois l’enveloppe terminée, avant la plâtrerie et l’installation des équipements de ventilation, d’eau ou de chauffage. L’avantage de procéder à ces tests en amont des finitions est de pouvoir effectuer les modifications sans avoir à détruire ce qui a été réalisé.
Après les travaux
Vous pouvez cependant préférer effectuer le test d’étanchéité après l’intervention du second œuvre (plomberie, chauffage, sanitaire, installation électrique…) afin de disposer d’un diagnostic plus abouti. Comme nous l’avons vu plus haut, les sources de fuites d’air sont souvent associées aux équipements et l’installation de certains d’entre eux nécessitent parfois des perforations dans la structure.
Vous souhaitez réaliser une rénovation énergétique ?
Multiplier les couches d’isolant ne sert à rien si votre bâtiment n’est pas étanche à l’air. Un Diagnostic Performance Énergétique (DPE) vous orientera après étude, vers les meilleures solutions. En amont de tous travaux, il est nécessaire de rechercher tous les défauts possibles et de réaliser un état des lieux de l’existant.
Comment se passe le test d’infiltrométrie ?
Le contrôle d’infiltrométrie est non destructif, voici le détail du déroulement du test et la méthode employée:
Déroulement du test
Après avoir obturé les entrées et sorties d’air de la V.M.C (ventilation mécanique contrôlée), une dépressurisation progressive du bâtiment est créée à l’aide d’un appareil appelé « porte soufflante », tout en mesurant simultanément les différences de pression entre l’intérieur et l’extérieur.
L’opération est enregistrée sur un ordinateur dédié, qui, après analyse, détermine la valeur de la perméabilité en m3/h/m².
1) La mesure de perméabilité à l’air de l’enveloppe du bâtiment s’effectue :
- avec une porte à ventilateur « Blower Door » équipée d’un appareil de mesures de pressions placé en général à la place de la porte d’entrée.
- Les entrées et sorties d’air volontaires sont obturées à l’aide de rubans adhésifs adaptés et de vessies.
- Le bâtiment est mis en dépression et en surpression.
- On réalise une série de mesures à différentes valeur de pression, des débits de fuite au travers de l’enveloppe, grâce à des enregistreurs de pression et de débit.
2) On localise les différentes fuites ou défauts d’étanchéité à l’air du bâtiment au moyen de :
- La caméra infrarouge (thermographie infrarouge) qui permet de visualiser des endroits qui ont été refroidis par le passage de l’air provenant de l’extérieur.
- L’anémomètre à fil chaud qui détecte le déplacement de l’air à l’endroit de l’infiltration
La fumée produite selon les besoins par un générateur de fumée ou une poire à fumée qui s’infiltre dans les endroits perméables.
La perméabilité ou étanchéité à l’air du bâtiment se mesure par la valeur du débit de fuite parasite traversant l’enveloppe sous un écart de pression donné.
Elle est représentée par le débit de fuite exprimée en m3 / (h.m2) d’enveloppe sous une différence de pression de 4 Pascals (Q4).
Vous trouverez sur ce document PDF un dossier très précis sur la procédure : comment vérifier l’étanchéite d’une maison ?
Le contrôle de l'infiltrométrie
Le contrôle d’infiltrométrie du bâtiment peut être de 2 types:
1. Un test d’étanchéité à l’air du bâtiment qualitatif
le plus souvent réalisé en phase intermédiaire, il permet la localisation des différentes fuites au moyen de la caméra infrarouge, l’anémomètre à fil chaud et la fumée (générateur de fumée ou poire à fumée).
Si ce test de perméabilité à l’air du bâtiment est effectué quand le bâtiment est hors d’air et hors d’eau, Il permet d’apporter des corrections sur le gros oeuvre sans endommager le second œuvre.
2. Un test d’étanchéité à l’air du bâtiment quantitatif
Au moment de l’achèvement des travaux, avant réception, c’est le contrôle des valeurs à obtenir pour :
Confirmer les éléments pris en compte dans l’étude thermique
Les critères des labels
- Améliorer le résultat de l’étude thermique en tenant compte de la valeur réelle mesurée si elle est supérieure à la valeur par défaut
Les différentes étapes d’un test de perméabilité
- Le bâtiment doit être conditionné selon l’état d’avancement des travaux.
- Le mesureur installe son matériel : fausse porte (porte soufflante ou dispositif Blower door) sur une ouverture (porte ou fenêtre), ventilateur, capteurs de pression, manomètre, ordinateur avec son logiciel de mesure.
- Après avoir validé l’état de son conditionnement par la création d’un gradient de pression, le mesureur débute la mesure par l’enregistrement de la différence de pression spontanée entre l’intérieur et l’extérieur du bâtiment.
- Ensuite vient la phase de mesure proprement dite, avec détermination des débits d’air pour des paliers de pression successifs, jusqu’aux environs de 70 Pascals (à peu près 1/1500e de la pression atmosphérique).
Cette mesure définit une relation débit – pression permettant le calcul des différents indicateurs de perméabilité, Q4Pa-surf et n50. - Après la mesure, le technicien recherche les défauts de l’enveloppe par différentes méthodes, la plus efficace étant l’enfumage total ou localisé de l’espace mesuré et la mise en pression concomitante : la fumée produite visualise les flux parasites à travers l’enveloppe, avec une observation facile de l’extérieur.
L’utilisation de la caméra thermique :
La thermographie infrarouge ne donne aucune mesure. Elle permet de visualiser localement les infiltrations d’air froid au travers des parois qui composent l’enveloppe du bâtiment. Elle nécessite une différence de température intérieure/extérieure supérieure à 10°C pour un diagnostic fiable (NF EN 13187).
Les indicateurs de perméabilité
Sont usités en France :
- L’indicateur réglementaire Q4Pa-surf : débit d’air sous un différentiel de 4 Pascals rapporté à la surface d’enveloppe froide du bâtiment prise en compte hors planchers bas
- L’indicateur imposé par la norme NF EN ISO 9972, n50, taux de renouvellement d’air du bâtiment : débit d’air sous un différentiel de 50 Pascals rapporté au volume intérieur du bâtiment
Les points sensibles vérifiés en priorité
- Les jonctions entre plancher et murs de façade…
- Les trappes de visite ou d’accès
- La menuiserie : les encadrements de portes, de fenêtres…
- Les éléments traversant les parois ou les sols
- Les éléments électriques : les prises, interrupteurs, les boîtiers de dérivation, tableau électrique…
- La toiture
- Les percements de la paroi dus aux élements traversants : gaines de chauffage, sanitaire, etc…